[Format court] Longues amours

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En janvier dernier, le site Franco-belge Format Court a fêté ses dix ans d’activité ! Magazine référence, dont le soutien à la forme courte est précieux, Format Court œuvre à la (re)découverte de films et au repérage des cinéastes de demain. À l’occasion du lancement de leur premier festival, le Festival Format Court, qui a lieu du mercredi 3 au dimanche 7 avril 2019 au Studio des Ursulines, retour sur la belle histoire du court-métrage.

PAR SCRIBE

Bande Annonce Festival Format Court – 3 au 7 Avril 2019 from Hugo Malpeyre on Vimeo.

BACK TO THE SHORT

Le cinéma est né court. Mais que l’on songe aux films des Frères Lumière ou aux premiers dessins animés d’Émile Reynaud projetés au Musée Grévin en 1892, il s’agissait moins d’un choix formel que d’une contrainte imposée par l’état d’avancement de certaines technologies. Réenchanté par la magie Méliès, le cinéma achève sa mue de prouesse technique en véritable art visuel pendant les sublimes années de l’avant-garde. Cocteau, Luis Buñuel et son chien Andalou, puis Maya Deren de l’autre côté de l’Atlantique, s’emparent avec enthousiasme du court métrage pour composer une nouvelle grammaire du cinéma, explosive, libre et imprégnée de poésie surréaliste.

Associé durant des années à la propagande ou au film commercial, la forme court retrouvera ses lettres de noblesse grâce à la constitution du groupe des 30 dont font partie
Demy, Kast, Rozier, Resnais, Marker ou encore Rouch. Leur manifeste de 53 constitue un des piliers de la théorisation du court : «À côté du roman ou des œuvres les plus vastes, existent le poème, la nouvelle ou l’essai, qui jouent le plus souvent le rôle de ferment, remplissent une fonction de renouvellement, apportent un sang nouveau. C’est le rôle que le court métrage n’a cessé de jouer.» Cette pensée du court métrage en tant qu’enfance de l’art, étape nécessaire de la carrière d’un jeune cinéaste, prévaut officiellement depuis lors.

Mais ces dernières années, force est de constater que le court-métrage s’affirme de plus en plus en tant que forme autonome, notamment en France. Moins onéreux que le long, moins financiarisé et donc in fine, plus libre, le court est devenu, grâce à l’avènement du 2.0., le laboratoire d’une nouvelle génération de cinéastes, férue de Do It Yourself, de collectifs et de nouvelles technologies.

Preuve de la belle vitalité du court dans l’Hexagone, les réalisateurs les plus chaos tels que Bertrand Mandico (Notre Dame des Hormones, 2015 ; À rebours, 2018), Virgil Vernier (Orléans, 2013), Yann Gonzalez (Les Îles, 2017) y reviennent régulièrement. Dans ce contexte en pleine mutation, il nous apparaît essentiel de porter haut l’action d’un site tel que Format Court qui milite au quotidien pour les jeunes pousses du cinéma d’ici et d’ailleurs et dont nous soutenons l’initative d’un évènement-carrefour, lieu d’échanges et d’effervescence.

LE FESTIVAL

Choix rare auquel nous sommes d’autant plus sensibles, ce jeune festival se veut non-compétitif, afin de se tourner entièrement vers la rencontre avec les nombreux professionnels présents et l’aide à la création. Cette première édition est parrainée par deux comédiens: l’inénarrable Philippe Rebbot, également réalisateur (L’amour flou co-réalisé avec Romane Bohringer, L’Effet aquatique de Sólveig Anspach) et Damien Bonnard (En liberté ! de Pierre Salvadori, Rester vertical de Alain Guiraudie). Une sélection de leurs propres courts-métrages sera ainsi projetée en leur présence les 3 et 4 avril. Cinq autres projections-rencontres sont prévues pendant ces cinq jours ainsi qu’une soirée d’anniversaire organisée le samedi 6 avril au Point Éphémère.

De manière générale, le festival compte une programmation de pas moins de trente-huit courts (parmi lesquels les premiers films de Benjamin Renner, Alexandre Legrand, Jean-Bernard Marlin, Antonin Peretjako, Jean-Pierre Jeunet, Guy Maddin, Aki Kaurismaki, Edouard Deluc, Sylvain Desclous). Mentionnons également l’immanquable Ulysse d’Agnès Varda, film-comète sur la mémoire et les trahisons de l’imaginaire. Enfin, nous vous conseillons particulièrement le programme En marge! (vendredi 5 Avril à 18h), et ses films expérimentaux, mutants, futuristes, hybrides. Chaos garanti!

En bonus, Sissy boy slap party de Guy Maddin (1995), un court expé aussi suave qu’effréné à retrouver durant le festival…

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