[CRITIQUE] NOUS LES VIVANTS de Roy Andersson

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« Toi qui es vivant, parle de l’Homme, de sa grandeur et sa misère, sa joie et sa tristesse, sa confiance en soi et son anxiété. Un Homme dont nous voulons rire et pleurer à la fois. C’est tout simplement une comédie tragique ou une tragédie comique à notre sujet. » Dixit le réalisateur.

Dès les premières images, Roy Andersson, maître des tragi-comédies surréalistes, annonce la couleur formelle : plans-séquences enregistrant un spectacle urbain, envolées poétiques, gags nonchalants, dialogues réduits à leur plus simple expression, laconisme du jeu des comédiens, personnages éphémères. Dans sa nouvelle chronique polyphonique qui ressemble à un prolongement de ses Chansons du deuxième étage, le cinéaste timbré présente une foultitude de personnages mornes sous la forme d’un enchevêtrement de tableaux où la misère devient le meilleur ami de l’absurde. Il en profite pour disséquer la condition humaine et remettre sur le tapis quelques unes de ses noires obsessions : les dérives modernes et les rouages de la société. Quelque chose comme du Iosseliani en moins alcoolisé et en plus franc.

Une adolescente en fleur part à la recherche de la rock star qu’elle a croisé dans un café ; une femme pète tous les plombs de sa vie trop bien rangée ; une institutrice éclate en sanglot en classe ; un groupe de musique répète en essayant de contrer le mauvais temps ; un vieillard traînasse un chien qui a mis fin à ses jours par désespoir ; un homme passe à la chaise électrique sous le regard goguenard de ses contemporains. Tous ces individus de rien sont à la recherche de quelque chose : de l’amour, de la reconnaissance ou d’un salut. Ce n’est que par fragments glaciaux que le film dévoile sa densité existentielle. Les aficionados de l’homme magicien regretteront sans doute qu’il ne cherche pas à renouveler sa grammaire cinématographique et se contente de recycler des formules très efficaces à défaut d’expérimenter. Peu importe au fond : le cinéaste impose à chaque instant sa patte inégalable et ridiculise tous les petits malins qui essayent de copier son style. Un beau concentré de mélancolie grisaille où l’humour est définitivement la politesse du désespoir. Dans un tel contexte, on vantera la politesse.

NOS NOTES ...
Jean-François Madamour
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