« Come True » de Anthony Scott Burns, cauchemar éveillé

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Ce second long-métrage de l’homme orchestre Anthony Scott Burns (il écrit, réalise, éclaire, monte, compose la musique et assure la direction artistique) suit une ado qui semble avoir de bonnes raisons de ne pas vouloir dormir chez sa mère. Souffrant de cauchemars récurrents, elle espère trouver un répit en s’inscrivant à un programme d’études du sommeil mené par un groupe de chercheurs. Rythmé par des séquences de rêve extrêmement impressionnantes et reposant sur la suggestion beaucoup plus que sur la représentation, le récit progresse de façon inattendue jusqu’à une conclusion qui invite à reconsidérer tout ce qu’on a vu sous un jour nouveau.

Impossible de savoir pourquoi ni comment mais la thématique rêves/cauchemars et plus particulièrement la peur de s’y perdre, était au top tendance du cinéma fantastique des années 80. De The Sender, en passant par les Freddy, Paperhouse, La compagnie des loups, Dream Lover, Nightwish, Dream Demon, Panics, Dreamscape… Oreillers déplumés et draps trempés, onirisme de plastique et labyrinthes mentaux: la recette s’est émoussée comme toutes les modes éphémères. Quelle fut notre surprise de voir un hommage vibrant à cette dream party avec Come True, second long-métrage d’Anthony Scott Burns, qui raconte la fuite permanente d’une jeune ado! Et ce que fuit Sarah n’est pas vivant, ni tangible: ce sont ses propres cauchemars, hantés par une silhouette terrifiante aux traits indistincts. Acceptant d’être la cobaye au sein d’une petite équipe scientifique étudiant le sommeil à des fins mystérieuses, elle voit bientôt ses visions s’atténuer… avant de reprendre de plus belles, jusqu’à littéralement prendre le pas sur la réalité…

Au delà de l’idée principale, il est clair que la tonalité planante tranche un peu avec la vague de sous A24eries que le cinéma de genre traverse actuellement (non, vous n’êtes pas Ari Aster et on vous demande de vous arrêter). Une tonalité peut-être même un peu en retard puisqu’elle rappelle tout simplement celle de Drive, grand daron de la vaporwave malgré lui, allant jusqu’à intégrer du Electric Youth par intraveineuse dans la b.o – on va pas se plaindre, c’est sublaïme. Mais Burns y intègre une esthétique un poil plus lo-fi, comme ces petits écrans brouillés caressés par le mythique morceau Coelecanth (mais oui rappelez-vous la scène du tigre endormi dans Manhunter). On est plus chez Michael Mann que chez John Carpenter, et osons le dire, ça fait un peu du bien niveau références.

Traversé de scènes oniriques dont l’imagerie évoque parfois celles des toiles de Beksiński, Come True finit par s’égarer lorsqu’il révèle sa plus belle idée: une machine à filmer les rêves. La tension, censée grimper rayon trouillomètre, s’évapore, le boogeyman (ressemblant à l’incarnation du démon du sommeil dans le troublant The Nightmare) se dilue lui aussi, l’action s’étire artificiellement. Ironiquement, on est un peu à ça de bailler. En prime, une romance un peu éclopée, accordant très maladroitement une dimension romantique au stalking (mais le creep concerné est hyper sexy, donc le spectateur est appelé à zapper inconsciemment; on vous voit, hein!). Le twist final, qu’on jurerait interdit, est pourtant amené de manière incroyablement touchante, et on se surprend à y repenser quelques jours après. Il y a de la béquille, mais c’est assez pour essayer de savoir si son cinéaste en aura encore dans le ventre pour la suite (disponible sur Amazon Prime U.S / Blu-ray U.K avec sous-titres anglais)

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