LES 10 INSTANTS CHAOS DE 2017

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Le beau-bizarre, le neon chic, la lo-fi touch, le mégalo deglingo, le revival retro: nous voilà à une époque où tous les clips ont de la gueule, mais finissent – évidemment – par se ressembler. Une fois de plus, le chaos a décidé de faire un peu le tri dans le monde du vidéo-clip: une chose est sûre: cette année est totalement queer chaos. Et on ne va pas s’en plaindre…

Apprivoisé – Calypso Valois
«La folie sans limite, ça c’est exotique». La vision du clip du titre Vis à vie, montage de films bis cher à nos cœurs, annonçait quelque chose de très chaos à l’horizon pour Calypso Valois, alors fille de Eli et Jacno. Et là boom, voilà que notre Bertrand Mandico lui fignole un clip haut en couleurs, où en retrouve d’ailleurs quelques thématiques de ses Garçons sauvages (gender swap et autres modelage de chair). L’irrésistible Nicolas Maury, en oiseau magique et violent, agite une tablée de bourgeois décadents, animé par Christophe Bier himself. C’est évidemment tourné en pellicule et saturé de trouvailles visuelles (et même sonores) croustillantes. Scintillant et crasseux: c’est tout Mandichaos.

Les filles désirs / La femme à la peau bleu – Vendredi sur mer
Impossible de départager les deux merveilles de Vendredi sur Mer (toutes deux signées par Alice Kong), de la french pop rétro et lancinante qui fait du bien partout. D’abord un hommage bisexuel à la culture sixties, quelque part entre Clouzot et Godard; puis, une romance d’été entre deux filles ado, traversé de baisers moelleux, de cœurs brisés et d’images crépusculaires. C’est vraiment fantastique.

Leningrad – Kolshik
Avec un clip comme celui de False Alarm pour The Weeknd ou le long-métrage Hardcore Henry, Ilya Naishuller appuyait son obsession pour la vue subjective apocalyptique, quelque part too much chaos. Lorsqu’il s’embarque pour les déglingués de Leningrad, tout confirme que le bonhomme a clairement un pète au casque: nous voilà avec un clip filmé à l’envers, où un cirque se retrouve sens dessus dessous dans un déluge d’effets méchants et très gores. C’est à hurler, et c’est à voir d’ailleurs dans les deux sens tel un palindrome de fou furieux.

Fever Ray – To the moon and the Back
Retour foufou pour Fever Ray quelque part entre Blade Runner et Histoire d’O, Cronenberg et Metal Hurlant. Mutante chauve et grimaçante, une humanoïde paumée accepte un rituel SM d’un nouveau genre sous la lumière des néons torves. C’est inattendu, gonflé, cru et sublime. Fever Ray quoi.

I Find Love – Aamoureocean
Notre tandem chaos Poggi/Vinel n’a pas seulement des idées derrière la tête et un style visuel aiguisé, il a aussi cette capacité à introduire poésie et absence de cynisme dans une génération à la seconde peau virtuelle. Dans ce tableau geek où se croisent cosplay et tuto youtube, le duo injecte une tendresse et un humour aussi délicieux que salvateurs.

Up all night – Beck
Les petits génies de Canada se font discrets mais comme d’habitude, le résultat en vaut la chandelle: du Al Dente, du miel, du quatre étoiles. Dès la première image, avec ce panneau de signalisation martelé par un pied rageur, on est embarqué. Avec une virtuosité épuisante, la traversée d’une fête bordélique se change en champ de bataille improbable, avec au moins dix idées à la seconde. Grandiose.

Christeene – Butt Muscle
Immonde, gluante, infecte Christeene. Drag des caniveaux, prêtresse des culs, monstre dégueulasse. Avec Body Muscle, les fluides s’invitent dans un noir et blanc qui ne cache plus rien, qui célèbre une partouze organique où ça glisse de partout. Un cocktail si trashy, si NSFW, qu’il aura du mal à se frayer un chemin sur YouTube.

Sultan des îles – L’impératrice
Une réjouissante anthologie de fausses bandes-annonces de films d’horreur imaginaires où un meurtrier décime une poignée de filles de joies. Derrière l’outrance kitsch et les effets gores, un rappel nostalgique et malin du cinéma de genre: les années et les styles défilent, mais le contenu reste. Top.

t’s okay to cry – Sophie
«Who is she???» se demande t-on, un peu sonné, enchanté par cette créature d’une autre galaxie. Productrice et chanteuse trans, Sophie se dévoile pour la première fois au public dans un clip fauché mais magique, où seul un fond vert organise explosions et accalmie. Chuchotant du bout de ses lèvres alourdies de rouge, jouant avec un langage corporel éblouissant, véritable strip de l’âme et du corps. Un vrai coup d’éclat queer.

Herbes mauves – Plaisir de France & Barbara Carlotti
Une nuit fraîche. Une idée du calme, de l’abondance, du bizarre. Des corps nus, des fleurs impossibles partout. Barbara Carlotti et sa voix chaude, hautaine. Une caresse étrange, voluptueuse. On est bien. «Je suis celle que tu cherches, je suis celle que tu suis».

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