[INTERVIEW] ROB ZOMBIE : « Taxi Driver m’a marqué à vie »

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Annoncé il y a presque 15 ans comme le nouveau John Carpenter, ROB ZOMBIE a-t-il confirmé toutes les promesses placées en lui? INTERVIEW CHAOS.

Depuis The House of 1000 Corpses (2003), Rob Zombie alias Robert Cummings, avant tout connu comme chanteur et musicien de metal (pionnier de la scène métal-indus avec le groupe White Zombie à la fin des années 1980 puis Rob Zombie à travers six albums) a manifestement envie de réaliser des films qui se suivent sans se ressembler. C’était déjà manifeste dans The Devil’s Rejects, qui était présenté comme la fausse suite de The House of 1000 Corpses. On y voyait, entre autres, des assauts bruyants, des séquestrations monstrueuses, du sang, de la chique et du mollard, de trognes patibulaires, des critiques de cinéma impossibles et surtout un nombre incalculable de Fuck (selon certains, 560 fois en 109 minutes) délivré par un Bill Moseley sensiblement en forme. C’était un crachat dans la soupe hypocrite et puritaine US. En 2007, Rob Zombie contribue au film de Quentin Tarantino Grindhouse, en tournant une fausse bande annonce, s’intitulant Werewolf Women of the S.S., avec à l’affiche sa femme Sheri Moon, mais aussi Sybil Danning, Nicolas Cage et les lutteurs Vladimir Kozlov et Andrew Martin et l’acteur allemand Udo Kier. CHAOS.
Produit par Dimension Film (les frères Weinstein et Malek Akkad), son remake de Halloween divise: trop audacieux pour certains ou pas assez pour d’autres. Rob Zombie paye ses déclarations sur l’inutilité de faire des remakes de classiques du genre au moment de la sortie du Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel. Trop heureux de reprendre le flambeau, la Weinstein team produit Halloween 2 qui a ses aficionados. L’enjeu s’avère moins délicat. Si Halloween : la nuit des masques(John Carpenter, 1978) demeure un classique inusable, le second volet de Rick Rosenthal (1981) passe en revanche pour une plaisanterie de mauvais goût. Au début, Rob Zombie reste très fidèle à cette version. L’intrigue reprend directement à la fin du premier en plaçant Laurie Strode (Scout Taylor-Comption, autrefois Jamie Lee Curtis) dans un hôpital. Au bout de vingt minutes, une astuce scénaristique bouleverse la structure du slasher pour épouser une dérive mentale saisissante. Rob Zombie s’empare de la mythologie initiée par John Carpenter en usant du symbolisme et du mysticisme. Certains effets pourraient paraître déplacés mais ils prennent une dimension tragique grâce au twist final, déjà dans Halloween 4 : le retour de Michael Myers (Dwight H. Little, 1988). Cet affront réjouissant n’en recèle pas moins une beauté macabre, mélancolique et désabusée. Bien que les meurtres soient filmés brutalement avec un sens de la trivialité et de l’effroi physique, Rob Zombie semble plus intéressé par l’atmosphère que l’action en s’appuyant sur une thèse déterministe. Si l’homme est le produit de son environnement, alors Michael Myers est le produit de l’Amérique White Trash. Largement plébiscité lors de ses présentations dans des festivals internationaux, The Lords of Salem, qu’il a réalisé ensuite, a lui aussi son groupe de fans. Mais, la prise de risque étant désormais une denrée rare, la curiosité de tous n’est pas satisfaite. Il faut hélas se faire à l’idée que, désormais, les films de Rob Zombie ne se verront plus forcément dans une salle de cinéma.

The House of 1000 Corpses, votre premier long métrage, est très différent de The Devil’s rejects, votre second, que ce soit dans la forme, la construction narrative ou les influences. Comment avez-vous décidé de réaliser cette suite et quels ont été vos parti-pris esthétiques ?
Rob Zombie : J’ai décidé d’effectuer un changement radical parce que j’avais plus de liberté sur celui-ci et je pensais que la perspective de voir les mêmes personnages dans un film différent serait cool. Aussi, quand on parle souvent de la suite d’un film, les réalisateurs ont fâcheusement tendance à refaire la même chose, à brasser les mêmes éléments que le premier. Mon objectif a été alors de prendre le contre-pied et de donner une dimension autrement plus inattendue. Visuellement, j’ai utilisé beaucoup d’artifices que ce soit des ralentis, des instantanés ou même des inserts vidéo Super-8 et j’ai beaucoup tourné en Super 16.

Plus qu’un film d’horreur, The Devil’s rejects semble appartenir au western jusque dans les conflits paradoxaux qui animent les personnages.
Rob Zombie : Tout à fait, mais je dirais surtout que c’est un croisement des genres même si The Devil’s rejects se rapproche plus du western que du film d’horreur. C’est l’un des principaux changements entre mes deux longs. Le premier est un film d’horreur pur alors que le second emprunte différentes directions sans nécessairement savoir là où tout ça va nous mener. En terme de western, j’ai simplement été impressionné par La horde sauvage, l’un de mes films préférés au monde.

Le fait que le film adopte le style seventies peut se lire de différentes façons. On peut y voir des hommages divers mais surtout une volonté presque nostalgique de revenir à une époque où les réalisateurs avaient la liberté de faire les films qu’ils voulaient sans les contraintes actuelles.
Rob Zombie : C’est précisément pour cette raison, en effet, que j’ai fait cette suite. Je suis vraiment fan de ces films depuis longtemps. C’est une période de cinéma que j’affectionne pour les raisons que vous venez de mentionner. Je suis un grand fan des survival des années 70, ne serait-ce que pour leurs outrances ou même leurs imperfections, comme j’aime les films de Romero. Les réalisateurs avaient les couilles de réaliser ce que bon leur semblaient sans se soucier de questions morales. On assiste à ce terrible paradoxe aujourd’hui, qui veut qu’on ne peut plus rien faire sans immédiatement se faire taxer. C’est un premier point. Le second, c’est pour la musique des seventies que je trouve plus riche et la clarté des intrigues où tout était beaucoup plus simple et efficace.

Que pensez-vous des réactions excessives de certains spectateurs ?
Rob Zombie : Justement, je trouve ça bien. J’adore que l’on déteste mes films puisque c’était l’une des réactions que je voulais susciter. Je préfère largement ça à un film qui laisse de marbre.

Vous avez visiblement élagué bon nombre des personnages secondaires que l’on pouvait voir dans House of the 1000 Corpses. Pourquoi ce choix ?
Rob Zombie : J’avais d’autres objectifs sur The Devil’s rejects et je voulais que le film soit plus réaliste et poisseux. L’idée était d’aller à l’essentiel et d’offrir aux personnages principaux la possibilité d’être plus approfondis, d’inciser leurs ambiguïtés. Je voulais quelque chose qui soit peut-être plus sérieux, c’est pourquoi j’ai enlevé le personnage de Dr Satan, parce qu’il ne convenait pas au ton de la suite. Par ailleurs, j’ai insisté sur le personnage du shérif Wydell qui représente le Far West en le poussant à ses extrêmes limites et à un point de non-retour. Au cours du film, on peut se rendre compte que les personnages réagissent différemment face aux événements et qu’il n’y a plus aucune notion de morale. Les acteurs ont été fabuleux pour retranscrire ça.

Ils n’ont pas tiqué face à la violence de certaines scènes ?
Rob Zombie : La scène qui se déroule dans le motel a vraiment été périlleuse à tourner, mais c’est également la plus tendue dans le film. Le spectateur ressent le malaise des acteurs pendant le tournage. Autrement, les autres acteurs sont des habitués du genre.

Ils incarnent tous le cinéma des années 70 et renvoient à d’autres cinéastes. C’est très référencé.
Rob Zombie : J’ai un goût prononcé pour la résurrection d’acteurs de vieux films : William Forsythe, Danny Trejo, Sid Haig, Michael Berryman, Geoffrey Lewis, Ken Foree… Certains évoquent Eastwood, d’autres Romero, etc. Cette variété renforce la folie du film. J’ai pris un pied monstrueux à travailler avec eux.

Comment vous est venu le choix du morceau de Lynyrd Skynyrd pour la scène finale ?
Rob Zombie : J’avais besoin d’un morceau qui tape pour mettre en valeur cette scène ultime et j’y ai réfléchi longuement en amont. Au départ, je voulais un morceau qui évoque et possède la puissance de Stairway to Heaven, de Led Zeppelin. Je pense que Freebird est l’une des chansons qui illustre le plus parfaitement le rock américain dans son essence.

Aimeriez-vous faire de House of 1000 the Corpses et The Devil’s rejects une trilogie ?
Rob Zombie : Certainement pas, parce que si l’on s’en tient à la dernière scène, on sait qu’il n’y a pas de suite possible (NDR. C’est vrai, qu’on est con !). Mais cette décision dépend finalement moins de moi que de la cohérence avec les personnages. Pour l’heure, je ne vois pas l’intérêt.

Vous allez continuer à mener votre double-carrière de chanteur et de réalisateur ?
Rob Zombie : Oui même si ce n’est pas évident, surtout auprès du public qui commence à penser que ma carrière devient confuse et que je ne sais pas où me situer. Je pense qu’il est possible de mener deux carrières artistiques.

D’ailleurs, votre reprise du I’m Your Boogie Man de KC And The Sunshine Band est super chaos, non?
Rob Zombie : Ah bon ? Cool !

Qu’est ce qui vous a donné envie de faire du cinéma ou plus précisément quel film ?
Rob Zombie : J’ai une vraie culture cinématographique depuis que je suis tout petit. J’ai été élevé avec les films de Martin Scorsese. Taxi Driver m’a marqué à vie à tel point qu’il y a un clin d’œil à ce film dans The Devil’s rejects. J’apprécie également le boulot de Stanley Kubrick. Mais comme vous pouvez le constater, j’aime tout ce qui a été produit dans les années 70.

Pourquoi avez-vous parsemé des références à L’empire contre-attaque dans The Devil’s rejects ?
Rob Zombie : C’est assez amusant comme remarque parce que ce n’était pas du tout intentionnel dans la démarche. Mais quand effectivement des potes ou des fans m’ont pointé du doigt quelques scènes-clés, je me suis dit que j’avais inconsciemment repris des éléments. Pourtant, il n’y a aucune volonté de rendre hommage ou quoi, désolé.

Avant de réaliser le remake de Halloween, vous sembliez avoir une position réticente sur les remakes Hollywoodiens de films d’horreur. Vous avez changé d’avis?
Rob Zombie : Les remakes sont souvent d’une qualité variable. Ils ne me touchent pas en général lorsqu’ils ne tournent pas autour de films que j’ai pu apprécier pendant mon adolescence. En réalité, tout dépend de celui qui est derrière la caméra. Ce genre de pratique ne m’excède plus depuis que je me suis attelé à la tâche. Si le résultat est bon, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, tant pis. Pour tout dire, je n’y accorde plus aucune importance.

Comment avez-vous découvert Halloween ?
Rob Zombie : J’ai vu La nuit des masques en salles. Je me souviens l’avoir adoré. En ce qui concerne les suites, certaines sont pas mal; d’autres, impossibles. Mais je n’ai jamais été fan des suites. Je pense que le premier reste toujours le meilleur.

Vous vous souvenez du troisième épisode (Le sang du sorcier) qui n’avait strictement rien à voir avec la saga ?

Rob Zombie : Oui. Je me souviens l’avoir vu il y a très longtemps et que ce n’était pas très bon. Mais je n’ai pas revu les suites en faisant ma version d’Halloween. Je me suis juste concentré sur l’original. Je suis allé voir les suites en salle sauf le troisième. Je me souviens l’avoir loué. Le dernier que j’ai vu, c’est Halloween Resurrection. Enfin, j’ai essayé de le voir mais je n’ai pas pu en entier.

Qu’avez-vous apporté à l’original ?
Rob Zombie : Le film de John Carpenter est très respectable mais aujourd’hui, il peut être perçu comme très basique. En le revoyant, je me suis dit qu’il y avait des zones d’ombre à percer et que, pour une fois, une relecture ne serait pas inutile. Non pas pour ensevelir l’original, mais lui donner une nouvelle variation. C’est pour ça que j’ai adopté le parti pris qui consiste pendant une demi-heure à expliquer l’enfance de Michael Myers jusqu’à son passage dans l’hôpital psychiatrique. Dans l’original, toute cette partie-là est presque éludée jusque dans son rapport avec le docteur Loomis.

L’original de Carpenter était travaillé en plans larges tandis que vous avez opté pour les gros plans. De la même façon que l’enfance de Michael Myers se déroule dans un univers violent avec une mère strip-teaseuse et un père absent alors que Carpenter situait son histoire dans une middle class confortable. Vous avez beaucoup mis l’accent sur la violence agressive et moins sur une atmosphère fantastique propre au slasher.
Rob Zombie : Beaucoup de gens ont mis des bâtons dans les roues du projet sous prétexte que l’original était signé par John Carpenter et qu’on n’avait pas le droit d’y toucher. C’est le genre de «règle» dont je me contre-fiche. Je voulais créer à partir de ce matériau ma version des événements. Dans un premier temps, j’ai voulu effectivement amoindrir la dimension fantastique pour montrer la brutalité dans laquelle Myers a baigné pendant son enfance. Le nouveau Halloween n’est pas seulement plus violent ; il est plus excessif dans tous les domaines. Dans le but d’être plus en raccord avec mon style habituel.

Vous aviez fait appel à des seconds couteaux attachants autour de Malcolm McDowell comme Richard Lynch, Udo Kier, Adrienne Barbeau. Ça a été facile de tous les réunir ?
Rob Zombie : Oui. Je ne connaissais pas personnellement Michael McDowell et Clint Howard. Le reste du casting, si. J’ai rencontré Udo Kier lorsque j’ai fait le faux trailer Werewolf Women of the S.S pour le double programme Grindhouse. Mais je ne pense que vous ayez pu le voir en France. Je l’ai repris dans Halloween parce que je le trouve totalement barré et drôle. Malcolm McDowell, je l’ai découvert comme tout le monde dans Orange Mécanique. Puis je l’ai revu dans If, Lucky Man! et Caligula.

Une polémique enfle à l’époque. Une version workprint de Halloween circule sur le net qui est assez différente de celle qui sort au cinéma. Que s’est-il passé ?
Rob Zombie : Je serai encore bien incapable de vous dire les différences entre les deux versions. Le Halloween qui circule sur le net n’est pas vraiment une version workprint. C’est une version que quelqu’un a volée et mise sur Internet sans que je sache réellement ce qu’elle vaut. On m’avait également sorti que c’était la version que je préférais et que je reniais celle que l’on voyait en salles. Tout ça, c’était du buzz généré par Internet. La vérité, c’est qu’au moment de monter le film, on avait bossé chaque jour sur différentes versions. Résultat : on produisait un nouveau film par jour qui ne correspondait jamais vraiment au film que je souhaitais. La vraie version de Halloween était celle que l’on pouvait voir en salles, à l’époque. Point barre.

On pouvait penser qu’en travaillant avec les frères Weinstein, vous auriez moins de liberté que sur The Devil’s rejects.
Rob Zombie : Sincèrement, j’ai eu autant de liberté sur Halloween que sur The Devil’s rejects. Sur Halloween, j’ai essentiellement travaillé avec Bob Weinstein. Bob est artistiquement plus impliqué que son frère et contrairement à ce que l’on peut dire à leur sujet, il s’est assuré pour que je crée le film que je voulais absolument faire. D’où la possibilité de faire plusieurs montages. D’un bout à l’autre, il n’arrêtait pas de me répéter qu’il voulait un film de Rob Zombie et surtout pas une resucée de John Carpenter. Je n’avais pas de limites, je pouvais me permettre tout ce que je voulais. Je ne sais pas si ça a été le cas avec les autres réalisateurs avec lesquels ils ont bossé mais ils ne sont jamais intervenus en disant que j’allais trop loin.

Vous savez si John Carpenter a vu le film, au final?
Rob Zombie : Non, je ne crois pas. Je sais que lorsque le film est sorti sur les écrans, il voyageait en Europe et il n’a pas eu l’opportunité de le voir. Et par la suite, c’est moi qui ai voyagé dans le monde. Je n’ai pas eu de retour depuis.

Sur le tournage, est-ce que vous avez eu des déconvenues ?

Rob Zombie : Je mentirais si je disais que tout s’est passé dans la plus grande simplicité. Rien n’a été facile mais tout était envisageable. En fait, on était plutôt pressé par les dates de tournage. Nous n’avons eu que 29 jours, ce qui n’est pas beaucoup. Dans mes souvenirs, la scène la plus difficile à tourner était l’évasion de Michael Myers de l’asile. Idéalement, on aurait dû avoir deux jours pour la tourner. Au bout du compte, on n’a eu que deux heures. A chaque fois, je devais me battre contre des impératifs d’emploi du temps. Sur le tournage, le temps est précieux.

Est-ce que vous êtes intervenu dans les choix musicaux de Tyler Bates ?
Rob Zombie : Nous avons choisi ensemble les morceaux que nous voulions pour Halloween. Faire l’impasse sur le thème principal était juste impensable. On me demande souvent pourquoi je ne réalise pas des films musicaux plutôt que de faire des films d’horreur. Je ne cache jamais que c’est un de mes souhaits. Pour être franc, je ne suis pas convaincu par les différents films musicaux qui sortent car souvent, les gens qui sont derrière ne respectent pas la musique. Dans tout ceux que j’ai pu voir, je retiens surtout Spinal Tap. Essentiellement parce qu’on a l’impression de voir une comédie ridicule alors qu’en réalité, le cinéaste et son équipe touchent à l’essence même de la musique. A chaque fois que je le regarde, je le trouve hilarant.

Quelles sont vos références en terme de cinéma fantastique ?

Rob Zombie : Même si cela ne se voit pas nécessairement dans mes films, je cite souvent les films d’horreur gothiques des années 30. La fiancée de Frankenstein, de James Whale, est l’un de mes favoris. Pour mon travail, mes sources restent les films dégueulasses des années 70. Dans un autre genre, Halloween, de John Carpenter, appartient à ces films avec lesquels j’ai grandi.

Dans Halloween, vous faîtes référence à The Things from another world et Forbidden Planet qui étaient déjà diffusés dans l’original. Mais également à White Zombie et La nuit des morts vivants. Pourquoi ces films en particulier ?
Rob Zombie : J’adore l’idée que des personnages qui participent à un film d’horreur soient eux-mêmes en train de regarder un film d’horreur. Sans doute parce que j’ai découvert ces films en les regardant, gamin, à la télévision et qu’ils permettaient de stimuler mon imagination. Un peu comme Poltergeistde Tobe Hooper où une enfant est absorbée par une télévision.

En voyant votre version, on a l’impression que vous avez cherché à humaniser Michael Myers en lui donnant un passé, en montrant sa famille et en suivant son parcours.

Rob Zombie : Oui. Je pensais que ce serait plus intéressant de le représenter de cette façon qu’en le représentant comme une machine à tuer sans émotion. Dans tous les autres épisodes d’Halloween, Michael Myers est décrit comme un boogeyman sans âme. En procédant ainsi, je me démarquais des autres avatars.

Que ce soit dans The Devil’s rejects ou Halloween, vous rejetez cette notion manichéenne qui veut que l’on sépare les bons et les méchants. Vous creusez toujours l’ambiguïté voire l’ambivalence morale. Vous adoptez cette vision dans la vie de tous les jours ?
Rob Zombie :Oui. En réalité, rien n’est jamais simple. Dans la majorité des cas, vous vous rendez compte qu’un tueur est au centre de circonstances qui l’ont amené à devenir un monstre. Quand on voit Michael Myers enfant dans le film, on a l’impression qu’il ressemble à n’importe quel autre môme de son âge. C’est juste que son existence est pourrie dès le départ. Malgré le fait qu’il représente une part monstrueuse, on ne peut lui en vouloir en le voyant commettre des actes immondes. Montrer un tueur qui ne soit pas juste effrayant était ma gageure.

Le jeune acteur Daeg Faerch, qui incarne Michael Myers alors qu’il n’a que dix ans, est stupéfiant. Dans son regard, il a déjà tout du psychopathe.
Rob Zombie : En réalité, on n’a rien forcé. Il a ce regard de psychopathe naturellement. Pendant tout le tournage, il avait tout du gamin heureux. Mais lorsqu’il ne sourit plus, il peut avoir un visage assez inquiétant. Pour les scènes de meurtre, on n’a eu aucun problème pour le diriger. Il s’est plutôt amusé et il a pris tout ça à la rigolade.

Sinon, pour répondre à un personnage de The Devil’s Rejects, pensez-vous réellement que tous les critiques de cinéma détestent Elvis et adorent Groucho Marx ?
Rob Zombie : Non (il rit), mais je pense en revanche qu’une bonne majorité de vos confrères doivent détester mes films.

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