[CRITIQUE] THE MURDERER de Na Hong-jin

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Révélé avec le coup d’éclat fracassant de The Chaser qui communiquait une énergie irrésistible, Na Hong-Jin confirme son statut d’auteur complet avec ce second long métrage produit par la division coréenne de la Fox où la violence circule comme le sang dans les veines. Dans un premier temps, il s’agit d’une violence sociale reflétant la lutte de laissés-pour-compte prêts à tous les sacrifices humains pour bénéficier de conditions de vie plus dignes. L’intérêt de cette partie réside aussi dans la spécificité de cette zone rouge, dépeinte comme un no man’s land entre la Russie et la Corée du Nord où survivent des Sino-coréens en détresse. Il faut prendre en considération le titre original («The Yellow Sea») qui fait référence à la mer jaune du Pacifique reliant les côtes de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud et marquant autant les trafics que les espoirs. C’est aussi là où des hommes viennent se perdre. La sécheresse de la description et l’attention aux détails du quotidien permettent de ne pas trop anticiper sur ce qui va se passer. Du coup, le spectateur est à l’affût de toutes les surprises.

Une fois les personnages posés et le choc brutal de la mission passé, la violence devient plus graphique. Elle est particulièrement exacerbée lors d’un règlement de comptes avec la mafia dont la dimension trasho-absurde tient de la bande-dessinée. Il y a aussi des courses-poursuites, rares mais intenses, et des combats à l’arme blanche (battes, haches, ossements), d’une prodigieuse inventivité. The Murderer sort en salles le même mois que J’ai rencontré le diable, de Kim Jee-Woon, qui enterre définitivement un genre (le film de vengeance) dont le cinéma coréen s’est fait une spécialité depuis la trilogie de Park Chan-Wook. The Chaser descendait de cette veine et, inconsciemment ou non, Na Hong-Jin démontre à son tour qu’il a lui aussi envie de s’affranchir de ce registre ultra-codifié. Le sujet étant moins serré et plus dense qu’une course contre la montre, l’enveloppe est peut-être moins séduisante. D’autant qu’à force de développer et de digresser, le film s’étend sur la durée. Mais c’est un reproche mineur : le cinéaste trouve des astuces pour donner à chaque scène un surcroît d’intensité, gagne en noirceur avant une conclusion tragique et élève l’ensemble du rang de simple thriller à celui de conte moral au goût de terre.

NOS NOTES ...
Romain Le Vern
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