[CRITIQUE] SPIRALE: L’HERITAGE DES SAW de Darren Lynn Bousman: Saw Chaos

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Travaillant dans l’ombre de son père, une légende locale de la police, le lieutenant Ezekiel «Zeke» Banks et son nouveau partenaire enquêtent sur une série de meurtres macabres dont le mode opératoire rappelle étrangement celui d’un tueur en série qui sévissait jadis dans la ville. Pris au piège sans le savoir, Zeke se retrouve au centre d’un stratagème terrifiant dont le tueur tire les ficelles.

Voilà un étrange objet à la fois nouveau concept et fausse suite de la franchise imaginée par James Wan en 2004, avec Chris Rock et Samuel L. Jackson. «Une tension permanente dans la lignée de Seven», nous indique la tagline de l’affiche placardée sur les bus et métro. Autant vous prévenir tout de suite: seuls la bande-annonce et l’étalonnage sépia pourront vous faire penser une micro-seconde au thriller culte de David Fincher (déjà la référence du premier Saw). En réalité, on est plus proche d’un mix improbable, donc a priori chaos, entre un numéro de stand up, Bad boys et Saw. C’est étonnant, de prime abord (que foutent Chris Rock et Samuel L. Jackson dans un épisode de Saw?) mais, et c’est là où le bât blesse, la greffe n’est pas forcément productive. Au départ, on est parti pour une énième enquête où l’on suit un lieutenant incarné par Chris Rock (à l’écran et au scénario, dissonant car toujours tenté de tout récupérer pour faire son show) et son nouvel acolyte (Max Minghella) sur les traces d’un tueur de flic utilisant des méthodes rappelant l’inventivité sadique du tueur ayant sévi dans la même ville il y a des années et qui adore jouer des jeux sadiques.

On se gardera bien de vous dévoiler les ressorts scénaristiques prévisibles à vingt kilomètres, l’enquête au centre du scénario étant surtout un prétexte pour faire fusionner deux univers antithétiques – d’une part, le fameux «héritage» reprenant les scènes de pièges destinées à faire souffrir des connards ayant fait du boudin et qu’un taré décide de punir à sa façon; de l’autre, un souffle nouveau apporté par des gens qui a priori n’ont rien à foutre là. Il faut peut-être prévenir les fans avides de sang neuf: si l’intérêt des épisodes de Saw pouvait reposer sur l’inventivité tordue des mécanismes et des effets gores qui en découlaient, jusqu’à l’écœurement parfois (souvenez-vous de l’épisode 3), ici ce n’est plus vraiment le cas. Hormis la scène d’introduction bien dégueulasse où un pauvre gus doit s’arracher la langue ou se prendre la ligne 13 dans la gueule, les autres pièges, expédiés comme autant de cheveux sur la soupe, brilleront par leur manque d’imagination. On se rattachera donc à l’apport, soit la partie investigation, où Chris Rock carbure à trois punchlines à la minute tandis qu’il cherche à résoudre l’enquête en même temps que ses complexes d’infériorité envers son papa (Samuel L Jackson). Les deux compères sont donc mandatés pour apporter la dose de fun et redorer l’image d’une saga s’étant enfoncée dans la surenchère et le mauvais goût.

Là où la volonté de nouveauté est contredite, c’est que Darren Lynn Bousman, piètre cinéaste déjà à l’œuvre sur les épisodes deux, trois et quatre (et ayant déjà ruiné la franchise par sa médiocrité), est de retour aux commandes. S’il n’a pas régressé, il n’a pas progressé pour autant. La vraie question, c’est de savoir si ce mélange mi-figue mi-raisin permettra à la saga de renaître de ses cendres. Le succès du film au box-office US semble répondre par l’affirmative et laisse entrevoir de nombreux artéfacts. G.C.

NOS NOTES ...
Guillaume Cammarata
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critique-spirale-lheritage-des-saw-de-darren-lynn-bousman21 juillet 2021 en salle / 1h 33min / Epouvante-horreur, Thriller De Darren Lynn Bousman Avec Chris Rock, Max Minghella, Marisol Nichols Titre original Spiral: From The Book Of Saw

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