[CRITIQUE] LES PROMESSES DE L’OMBRE de David Cronenberg

0
769

Une sage-femme enquête sur l’identité d’une adolescente Russe, morte en couche, le soir de Noël. En lisant son journal intime, elle découvre son ancienne vie de prostituée, mêlée malgré elle aux agissements d’un groupe de proxénètes (Viggo, Cassel et cie). Et si elle allait confondre sa vie avec celle de la défunte pour faire éclater la morale ?

Après l’éblouissant History of violence, David Cronenberg revient avec une nouvelle affaire de gangsters qui a priori laisse craindre le fâcheux thriller académique qui applique paresseusement une formule. Que nenni : s’il part de ficelles classiques pour révéler progressivement des zones d’ombre insoupçonnées, le film viscéralement cronenbergien réussit à renouveler l’impact émotionnel de l’opus précédent avec une virtuosité sidérante. D’un bout à l’autre, le cinéaste prend l’intrigue comme prétexte mélodramatique pour traiter en creux ses thématiques chéries : questionner l’identité morcelée des personnages, sonder l’ambiguïté des sentiments, mélanger le plaisir et la souffrance, mettre au même niveau le sexe et la violence. Et dépeindre des personnages confrontés à leurs démons intérieurs : une sage-femme qui remonte ses origines russes, un gangster qui assume ses sentiments trop longtemps refoulés. De la complexité brute sous l’apparente simplicité des événements.

Une scène anthologique dans un hammam où Viggo Mortensen, totalement dépoilé, affronte deux tueurs tchétchènes constitue non seulement une audace suprême, évoquant le meilleur du Cronenberg des années 80, mais surtout donne une cohérence inouïe à la dramaturgie, réduisant ainsi une petite crapule à un homme nu, sans écorce, sans carapace. Avec ses émotions brutes. Si le cinéaste donne une importance sacro-sainte au réalisme des situations, il ne se prive pas pour utiliser des connotations bibliques, ni même amplifier une dimension shakespearienne qui pousse les personnages de ces Promesses à franchir des barrières sociales et morales. En suivant cette logique, la scène finale qui résume à elle seule le va-et-vient permanent entre grotesque et tragique n’en est que plus poignante. Cette histoire de bad guys et de poupées brisées qui trouvent la rédemption dans l’amour, prennent conscience du coût de la vie et réclament leur part d’humanité perdue foudroie le regard et nous cueille. En beauté.

NOS NOTES ...
Jean-François Madamour
Article précédent[CRITIQUE] ELDORADO de Bouli Lanners
Article suivant[CRITIQUE] LORD OF WAR de Andrew Niccol
critique-les-promesses-de-lombre-de-david-cronenbergUne sage-femme enquête sur l’identité d’une adolescente Russe, morte en couche, le soir de Noël. En lisant son journal intime, elle découvre son ancienne vie de prostituée, mêlée malgré elle aux agissements d’un groupe de proxénètes (Viggo, Cassel et cie). Et si elle allait...

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici