[CRITIQUE] LE LENDEMAIN de Magnus von Horn

0
632

De moches lendemains. John, encore adolescent, rentre chez son père après avoir purgé sa peine de prison et aspire à un nouveau départ. Mais la communauté locale n’a ni oublié, ni pardonné son crime. Sa présence attise les pires pulsions chez chacun, l’atmosphère devient menaçante, proche du lynchage. Rejeté par ses anciens amis et abandonné par ses proches, John perd espoir et la violence qui l’a conduit en prison refait peu à peu surface. Dans l’impossibilité d’effacer le passé, il décide d’y faire face.

Bienvenue dans l’âge ingrat. A l’origine de ce film glaçant, un fait-divers: l’histoire vraie d’un adolescent de 15 ans ayant étranglé sa petite-amie après que celle-ci l’a quitté pour un autre. Le réalisateur Magnus von Horn a découvert cette histoire en lisant des rapports de police sur des crimes commis par des adolescents, au moment de tourner son court-métrage Neige Tardive en 2011. Not another teen movie pour von Horn qui derrière le glacis n’en cache pas quelque chose de réellement monstrueux. On perçoit des ombres tutélaires, notamment celle du Michael Haneke de Benny’s Videoqui savait saisir la juste frontière entre l’anodin et l’angoissant. Ce qui est sûr, c’est qu’il a du talent, Magnus. Parce qu’il faut savoir doser les réactions contrastées, des parents comme des camarades de classe, face à ce personnage d’ado meurtrier. Car, au fond, personne ne sait comment réagir, pas même le spectateur, face à cette présence encombrante et, pour faire fi de tout manichéisme, il importait de la part du réalisateur de jouer sur la complexité comme sur l’ambiguïté de toutes les relations. Au fond, il interroge le spectateur et ne l’exclut pas de la communauté des monstres. Des intentions aux influences, c’est nickel chrome. Le bémol, c’est que tout est trop maîtrisé, trop story-boardé, trop implacable pour son propre bien – c’est la limite du coup d’essai malaisant et réfrigérant qui prend le risque de ne pas assez en dire, d’être trop crypté et qui ne cède pas aux clichés d’une psychologie réductrice. Quoiqu’il en soit, dans le genre révélation, le réalisateur Magnus von Horn se pose là. Et on a envie de savoir de quoi son avenir cinématographique sera fait.

NOS NOTES ...
Paimon Fox
Article précédent[CRITIQUE] LOVE & FRIENDSHIP de Whit Stillman
Article suivantCANNES CLASSICS 2016, C’ÉTAIT SUPER CHAOS
critique-le-lendemain-de-magnus-von-hornLe Lendemain Date de sortie 1 juin 2016 (1h 41min) De Magnus von Horn Avec Ulrik Munther, Mats Blomgren, Alexander Nordgren Drame Polonais, Suédois, Français

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici