[CRITIQUE] HACKER de Michael Mann

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Chris Hemsworth, star de Thor et Avengers, délaisse ses habits de superhéros pour se mettre dans la peau de Nicholas Hathaway, un « blackhat » (délinquant informatique) qui sort de prison pour aider les autorités américaines. Viola Davis, déjà nommée deux fois aux Oscars et star de la série télévisée à succès « How to get away with murder », diffusée sur ABC, interprète l’agent spécial du FBI Carol Barrett, à l’origine d’une enquête qui mène le spectateur de Los Angeles à Hong Kong en passant par Jakarta.

L’intrigue démarre de façon sidérante, avec l’explosion d’une centrale nucléaire de Hong Kong provoquée par un pirate informatique. Les autorités chinoises demandent l’aide des Américains pour retrouver les coupables. Hacker (pirate informatique en anglais), sorti en janvier aux Etats-Unis, marque le grand retour de Michael Mann sur les écrans après Public Enemies (2009) et un hiatus de près de six ans. L’idée du film est née il y a plus de deux ans, quand le cyber-terrorisme apparaissait déjà comme une menace de premier plan. « Commencer à parler de ce thème m’a ouvert les yeux sur la façon dont nous vivons. (…) Nous sommes vulnérables aux intrusions qui peuvent venir de partout« , a affirmé lors d’une conférence de presse à Los Angeles le réalisateur de « Heat » et également l’un des plus grands producteurs d’Hollywood (« Aviator », la série « Miami Vice » et le film éponyme, etc.).

Son film Révélations (2000), sur un employé de Philip Morris qui révèle les méfaits du tabac, avait été nominé sept fois aux Oscars, et « Aviator » avait récolté 5 statuettes. « J’ai aussi été motivé » pour faire le film « par tout ce qui se passe actuellement dans le monde », a souligné le cinéaste de 71 ans. Sony Pictures a fait l’objet en novembre de la plus spectaculaire attaque informatique subie par une entreprise aux Etats-Unis, bien réelle celle-là. Exaspérée par une comédie qui parodie un complot de la CIA contre son leader Kim Jong-un, la Corée du Nord a pénétré le réseau informatique de Sony pictures. Les hackers de Pyongyang ont volé les données informatiques de 47.000 personnes, dévoilé des courriels très embarrassants pour les dirigeants de Sony, mis en ligne illégalement cinq films du studio dont certains n’étaient pas encore sortis, et a menacé de s’en prendre aux salles de cinéma qui diffuseraient le film. Le président Obama lui-même a publiquement accusé la Corée du nord d’être à l’origine de la cyberattaque et promis des représailles. Michael Mann, prudent et dont le film est produit par le studio concurrent Universal, s’est contenté de répondre que tout le monde était « vulnérable » et toutes les données informatiques « poreuses ».

Pour donner vie à son personnage, Michael Mann s’est entouré d’experts. Les « hackers » Kevin Poulsen – qui a passé plusieurs années en prison – Christopher McKinlay, et l’ex-agent du FBI Michael Panico ont été des conseillers précieux pendant tout le tournage. Ils ont notamment montré à Hemsworth et sa compagne à l’écran Wang Leehom – qui interprète une spécialiste de l’informatique du gouvernement chinois – comment adopter des habitudes de pirates, notamment la façon de taper sur un clavier ou s’asseoir devant un ordinateur, en passant par le jargon de ce milieu très secret. L’intrigue ne tient pas totalement la route mais peu importe tant la virtuosité formelle de Michael Mann est là: rendre cinégénique un sujet aussi peu cinématographique.

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