Jamais deux sans trois. Dans cette affaire issue de leurs dossiers secrets – l’une des plus spectaculaires – , Ed et Lorrain commencent par se battre pour protéger l’âme d’un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu. Ce sera la première fois dans l’histoire des États-Unis qu’un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.
Difficile de bouder son plaisir face aux deux premiers Conjuring, divertissements horrifiques soignés et spectaculaires faisant partie des trop rares films de fantômes réussis des années 2010. L’idée d’un troisième volet sans James Wan aux manettes (puisque occupé à tourner Malignant, son projet mystère très ouuuh) inaugurait le pire, la saga reposant avant tout sur le talent de mise en scène grandissant du réalisateur de Saw. Il suffisait dès lors de voir les dérives du Conjuring-verse (la poupée pompante Annabelle) ou de Insidious, qui eut le culot d’imposer trois opus de trop (+ un autre en préparation), soit de l’horreur McDo de la pire espèce, mais qui se donne en plus des airs de grand cinéma d’épouvante. The Conjuring 3 n’échappe donc à la malédiction des sous-sous: le successeur de Wan est un yes-man ayant pondu The Curse of La Llorana, une des progénitures du fameux (con)Conjuring-verse oubliée dès sa sortie. Espoir: 0. Résultat ? Zéro aussi. Triste, on aurait voulu avoir tort au fond…
Nos Mulder & Scully cathos (donnez-leur une série plutôt non? Ou non, arrêtez en fait) nous refont en une poignée de minutes chrono toute la batterie de L’exorciste maison: gosse grimaçant et soudainement contorsionniste, assiettes qui volent, cureton dépassé par les événements (même s’il prend le temps de poser pour un money shot repiqué au film de Friedkin), passage du démon dans une autre enveloppe charnelle… Le film n’a pas encore commencé qu’on a déjà envie de se barrer, las de ce remue-ménage qui fait clairement trop de bruit pour rien. Même l’affaire est, à vrai dire, d’un ennui mortel; une entité diabolique ayant fait joujou avec le corps d’un garçonnet fait un triple salto dans celui de son beau-frère, qui commettra un meurtre en pleine transe. Le couple défendant bien sûr l’hypothèse de la possession démoniaque, se retrouve alors sur les traces de possibles rituels sataniques; ce qui est bien pratique puisque le contexte historique permet de jouer avec la fameuse satanic panic qui traumatisa les années 80 (et de foutre du Blondie).
L’emballage classieux n’y pourra rien: Michael Chaves singe le style Wan sans retrouver la puissance des silences, le frisson dans la tension ou l’intelligence des trouvailles visuelles que pouvait offrir son comparse. Les jump-scares mous se diluent dans de la pseudo-belle image, Vera Farmiga passe son temps à se taper des voyages sensoriels (très pratique pour meubler des pans entiers de l’histoire) et l’abus d’effets visuels fadasses déçoit (en particulier cette scène gênante sur une falaise où manifestement aucun comédien n’était physiquement présent). De l’épouvante sans âme, encore une fois dissimulée derrière des apparats documentaires (alors que les Warren n’en foutaient probablement pas une rame) et des saillies poussives pour faire crier Kevin et Cindy à la séance de 20h30. Like Claire, we don’t fucking care. J.M.