Notre journaliste Gautier Roos résume au nom du Chaos cette 72e édition. 17 choses à retenir (ou pas) de ces 10 jours de folaïe.
Le palmarès
Palme rĂ©cente a-t-elle dĂ©jĂ mis autant de monde d’accord? On ne fera guère preuve d’originalitĂ© lĂ -dessus: on est ravis pour le Bong – autant pour ce film gĂ©nial que pour cette carrière souveraine – et comblĂ©s par le travail minutieux de The Jokers, judicieusement rĂ©compensĂ©. En revanche, va falloir que le festival arrĂŞte de confondre Prix du scĂ©nario et lot de consolation: CĂ©line Sciamma mĂ©ritait mieux, et un rapide coup d’œil sur les anciens rĂ©cipiendaires montre que ce prix n’a ni queue ni tĂŞte (Heureux comme Lazzaro, A Beautiful Day, Chronic, A Touch of Sin…).
Les pleurs des stars
Grosse pensĂ©e Ă nos cĂ©lĂ©britĂ©s toutes retournĂ©es au sortir des sĂ©ances officielles: on pense Ă la Cotillard (vĂŞtue comme un sac Ă patates) dĂ©contenancĂ©e après le Dolan, aux lunettes noires de Laure Adler qui ont elles aussi pleurĂ© devant l’essai filmĂ© d’Alain Cavalier (Etre vivant et le savoir), Ă Claire Denis toute imbibĂ©e après La Vie invisible d’Euridice GusmĂŁo… Une pensĂ©e aussi pour Michel Ciment, croisĂ© aux ouatères après une sĂ©ance bien matinale du Kechiche: ses yeux tout humectĂ©s ne nous permettent pas de dire s’il a pris son pied ou vĂ©cu l’enfer sur Terre…
Quand je repense Ă la tĂŞte de Michel Ciment ce matin en sortant du Kechiche (croisĂ© aux waters)… Il avait les yeux tout Ă©moustillĂ©s (a-t-il pris son pied ou vĂ©cu un enfer ?) #MektoubmyLoveIntermezzo #Canned2019 pic.twitter.com/F1AFcGuQyO
— Gautier Roos (@GautierRoos) May 24, 2019
La salle vide pour Frankie
Curieusement, nous n’Ă©tions qu’une petite centaine Ă assister au Zaza movie de l’annĂ©e, pour cette sĂ©ance presse programmĂ©e Ă 22h, sĂ»rement en face d’immanquables soirĂ©es: sympa de pouvoir pour une fois dĂ©baller son McDo en s’aidant du siège voisin…
Les soirées
PrivĂ©e cette annĂ©e de la Villa Schweppes, notre team craignait de devoir harceler rĂ©pertoires et attachĂ©s de presse pour obtenir ces fichus cartons. Sans trop de difficultĂ©s, nous avons rĂ©ussi Ă entrer partout oĂą nous souhaitions nous encanailler (raison pour laquelle nous avons fait le choix de snober le rooftop d’Albane): merci au carnet d’adresses de ValĂ©rie… Rien de très extravagant Ă relever: la gĂ©niale Jeanne Added Ă©tait dans tous les bons coups, et Jump Around reste la chanson la plus jouĂ©e de l’histoire des plages cannoises depuis 1987.
Le Thierry Frémaux de 2019
Le Thierry FrĂ©maux nouveau est arrivĂ©. Ă€ plusieurs ouvertures de sĂ©ance, le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral est revenu sur l’importance de la paritĂ© (films sĂ©lectionnĂ©s, prĂ©sences fĂ©minines au jury, staff du festival…). Quelle mouche l’a soudain piquĂ©? OĂą est le Thierry sourd aux revendications du monde qui ne s’intĂ©ressait “qu’Ă la qualitĂ© des films” et envoyait les enquiquineurs bouler? Manquerait plus qu’il rĂ©ponde aux questions des journalistes en confĂ©rence de presse l’an prochain…
Le manque de sommeil dès le premier jour
On ne sait pas trop comment l’expliquer, mais nombre de festivaliers nous ont dit avoir commencĂ© la quinzaine par une envie chronique de pioncer. Peut-on vraiment tout imputer Ă une mĂ©tĂ©o capricieuse? En ce qui nous concerne, nous avons mĂŞme Ă©tabli un nouveau record: premiers yeux fermĂ©s le 14 mai devant le Jarmusch (c’Ă©tait Ă Paris, au Grand Action, avant notre dĂ©part le lendemain Ă 6h12). Le ton Ă©tait donnĂ©.
La promotion de la Cité de la peur partout dans la ville
Ça avait tout d’une campagne Ă©lectorale. Pour les 25 ans du film, la mairie de Cannes a tapissĂ© ses murs aux couleurs de la CitĂ© de la peur, donnant des sueurs froides aux agences de com’ les plus disruptives du pays: en tĂ©moigne ce machin en carton, qui consiste tout simplement Ă glisser sa tĂŞte dans un cadre noir pour y prendre une photo.
Mood qu’est-ce que c’est encore que ce machin #Cannes2019 pic.twitter.com/Ss3CYaeT9I
— Gautier Roos (@GautierRoos) May 16, 2019
L’erreur impardonnable de la Quinzaine
Nous ne sommes pas les seuls Ă avoir fait l’expĂ©rience d’un congĂ©diement Ă la Quinzaine: on a croisĂ© des badges bleus ayant sagement patientĂ© deux heures au Zlotowski pour finalement se faire refouler. La presse n’Ă©tait clairement pas la bienvenue au Théâtre Croisette, pris d’assaut par les badges CinĂ©philes et les groupies bubonneux de Zahia et Robert Pattinson. Dommage, car le peu de films qu’on y a vus Ă©taient chouettes. FaĂ®tes quelque chose pour l’annĂ©e prochaine, cher Paolo.
Notre rencontre avec Alain Delon
Pas pu adresser un mot Ă ce monstre sacrĂ© (nous avions un kebab Ă aller rĂ©cupĂ©rer), mais l’homme a quand mĂŞme posĂ© devant notre camĂ©ra, alors que des centaines de retraitĂ©es nous Ă©crasaient le pied pour obtenir un autographe. On est comme elles: on t’aime Alain.
Ultra mood pic.twitter.com/EvlgTGX8qP
— Gautier Roos (@GautierRoos) May 19, 2019
La cĂ©rĂ©monie d’ouverture gĂŞnante
MĂŞme Edouard Baer, si irrĂ©prochable d’habitude, avait l’air dans les choux. Après une heure de red carpet Laurent Weil, on a cru Ă une mauvaise copie des CĂ©sars: va falloir relever le niveau l’an prochain…
La file d’attente interminable pour le Tarantino
Ayant senti le coup foireux, on a prĂ©fĂ©rĂ© rattraper le film le plus attendu de cette Ă©dition le lendemain Ă midi au Grand Théâtre Lumière, oĂą on a attendu seulement 20 minutes. Nos pensĂ©es vont aux recalĂ©s du Debussy, qui ont pour certains vĂ©cu une journĂ©e tout Ă fait merdique, puisque le Bong Joon Ho du mĂŞme jour affichait lui aussi complet…
File presse Tarantino saison 2 #OnceUponATimeInHollywood pic.twitter.com/MlJ6noIlgo
— Gautier Roos (@GautierRoos) May 22, 2019
Michel Merkt au générique
Le nom du producteur de l’ombre Ă©tait visible sur Ă peu près 50 % des films visionnĂ©s ici, toutes sĂ©lections confondues: il avait une dette de poker Ă Ă©ponger, Thierry FrĂ©maux ?
Des guests de très très haut niveau
On aime aussi Cannes pour son folklore un peu ridicule, et sa tournĂ©e des humoristes venus assurer la promo d’on ne sait quelle comĂ©die bien grasse Ă plus de 20 millions. On a croisĂ© un Franck Dubosc tout dĂ©contractĂ© posant gentiment avec des locaux, un Gad Elmaleh qui faisait le show dans le hall du Majestic, un Tex qui rigolait tel un enfant de 5 ans un matin boulevard de la Croisette (tout sourire, il avait l’air d’avoir fait une grosse bĂŞtise). Et surtout, surtout, cher lecteurs: un StĂ©phane Guillon couleur orange (son teint, pas son badge) venu assister comme nous au porno chaos d’Albert Serra. Qui dit mieux ?
La pluie
Si Claude Lelouch en a d’abord fait les frais, on doit dire qu’elle nous a nous aussi bien emmerdĂ©s: le numĂ©ro du jour du Film Français n’Ă©tait vraiment pas suffisant pour nous protĂ©ger lors de ce premier week-end, oĂą nous avions eu la mauvaise idĂ©e de sortir notre plus beau costume…
Xavier Dolan everywhere
Si l’an dernier nous croisions Joachim Trier et son acolyte Trapenard Ă chaque coin de rue, c’est cette annĂ©e le Xavier qui nous a collĂ©s aux basques: sĂ©ances Un Certain Regard, rooftop du Five Seas, couloirs exigus du Palais… Ă€ croire que Cannes lui avait manquĂ©. La silhouette est inversement proportionnelle Ă sa rĂ©putation: il a une tĂŞte bien trop petite par rapport au reste de son corps.
La presse gratuite dispo au Palais
L’absence de Technikart Super Cannes a clairement Ă©tĂ© un manque cette annĂ©e. On s’est rabattu sur le Vanity Fair de Michel Denisot, mais qu’on se le dise: on prĂ©fère nettement les tĂŞtes mal dĂ©tourĂ©es aux photoshoots guindĂ©s sur la terrasse du Gray.
La mère Denis qui attrape le gratin par le col
Son “Oh silence!” exaspĂ©rĂ© lors de la cĂ©rĂ©monie de clĂ´ture restera comme l’un des plus beaux doigts d’honneur adressĂ©s Ă la profession. Les nĹ“uds pape Ă rĂ©glette velours et les robe Ă sequins en tremblent encore. Une conclusion chaos de très (très) haute volĂ©e: merci Clairou <3<3<3
Quoi de plus chaos que bitchy Claire Denis ne connaissant pas les paroles de Jeanne Mas et engueulant le public à grand coups de «Hey Ho! Silence!»? #shedoesntcare #Cannes2019 pic.twitter.com/ht0jvE8EEj
— CHAOS (@sicksadchaos) May 25, 2019