[AUDITION] Takashi Miike, 1999

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Un film de vengeance qui gère le temps de façon magistrale avant de déclencher le chaos avec fureur. Kili kili kili !

Fou comme le thème de ce film de vengeance réalisé avant le bug de l’an 2000 est particulièrement d’actualité avec son producteur de cinéma qui organise des auditions sous de faux prétextes… Ici, un veuf quinquagénaire ne cache pas sa solitude. D’ailleurs son entourage – son fils le premier – la lui fait remarquer. Avec l’aide d’un ami, producteur télé, il décide d’organiser un casting pour un faux film afin de dénicher la perle rare. En regardant les dossiers de candidature, il découvre l’émouvante Asami qui lui confie avoir arrêté la danse suite à un dramatique accident. Aoyama se prend d’affection pour elle, transposant ses souffrances sur celles de la jolie jeune fille. Sous ses faux airs inoffensifs et candides se cache en vérité un traumatisme inavouable…

Premier film du stakhanoviste Takashi Miike à sortir en France, Audition est basé sur un roman de Ryu Murakami, lui-même metteur en scène à ses heures, publié à l’origine dans l’édition japonaise du magazine érotique Penthouse et s’exprimant incidemment en réaction aux psycho-thrillers par trop misogynes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il détonne dans le contexte «film d’horreur» parce qu’il ne répond pas aux sempiternels critères du genre.

A la recherche d’une vraie jeune fille, le prédateur rencontre un personnage de film d’horreur et le basculement a lieu lors d’une scène ultra-flippante et culte où on la voit prostrée, à côté d’un gros sac de toile qui se met brusquement à bouger. Par chance, rien n’est gratuit dans le film de Takashi Miike, tout est trouble, voire double. En effet, si Audition est bel et bien un film d’horreur, c’est aussi et surtout une sublime d’histoire d’amour entre deux êtres qui ne savent comment aimer ayant chacun subi des traumatismes (les tortures pour elle, le deuil pour lui) et les expient façon SM.

Le monstre de vengeance est ici incarné par la superbe Eihi Shiina (armée d’une seringue sur l’affiche). D’une beauté folle, elle distille du mystère à elle seule. Sa présence et son charme envoûtent. Pour mieux nous tromper par la suite. Rejoignant une démence digne de Isabelle Adjani dans Possession. Son « kili, kili, kili » est inoubliable lors du climax final où la violence la plus forte le dispute au romantisme le plus torride. C’est cruel et inacceptable. Comme toutes les plus grandes histoires d’amour.

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